PHILIPPE BIHOUIX, membre du conseil d’administration de l’Institut Momentum

1 janvier 2020  | Par Coralie BAUMARD
L'actuariel // Technologies // PHILIPPE BIHOUIX, membre du conseil d’administration de l’Institut Momentum

Ingénieur centralien, auteur d’essais sur l’environnement et membre du conseil d’administration de l’Institut Momentum*, Philippe Bihouix fustige le techno-solutionnisme et propose des pistes pour un autre système.

Dans votre dernier livre, Le bonheur était pour demain, vous dénoncez les utopies technologiques. Selon vous, pourquoi ne vont-elles pas sauver la planète ?

Philippe BIHOUIX : L’enrichissement technologique des objets a tendance à faire une utilisation accrue de la table de Mendeleïev. Certes, nous avons à portée de main une quantité gigantesque de ressources, mais nous accélérons dangereusement la manière dont nous l’exploitons. Si vous faites 2 % de croissance par an, leur extraction sera multipliée par sept en cent ans et, en mille ans, par 390 millions. Il me semble donc compliqué de faire perdurer cette logique d’une société qui a besoin de croissance pour ne pas s’écrouler. Deuxième problème : la difficile mise en place de l’économie circulaire sur des produits complexes comme les objets électroniques. En effet, ils mélangent des métaux différents en très petites quantités. L’or des microprocesseurs, le palladium, le platine et les métaux les plus rentables sont récupérés, mais beaucoup de métaux utilisés dans les nouvelles technologies – dont les terres rares, l’indium, le gallium – sont recyclés à moins de 1 % selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement. Or l’économie circulaire est censée être la réponse à l’extraction minière qui, ces vingt ou trente dernières années, a doublé, voire triplé et davantage pour certains métaux.

Les conséquences néfastes du recours aux technologies sont-elles mal mesurées ?

Philippe BIHOUIX : Nous avons l’impression de régler un problème d’un côté, mais un effet systémique crée des difficultés par ailleurs. Prenons l’exemple de la smart city. Elle génère des gigaoctets de données et certaines études évoquent même plus d’une centaine de gigaoctets produits par jour et par habitant. L’utilisation d’une voiture autonome durant une heure, elle, en créerait plusieurs milliers.

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