Et si… la troisième révolution quantique avait eu lieu

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– Avril 2084 –

Il est loin le temps des salles de classe où les élèves, blasés, pianotant sur leur smartphone, n’attendaient que la sonnerie libératoire. À la fin du XXIe siècle, ils ne subissent plus : le module d’enseignement quantique s’adapte à leur état, pour une réceptivité et un apprentissage optimaux.

Par notre envoyée spéciale dans l’école Polyquantique de Bordeaux, le 10 avril 2084

Chaque matin, à 8 h, les élèves s’installent dans leur bulle sensorielle. Casques neuro-immersifs vissés sur les tempes, tenues souples connectées, ils s’apprêtent à recevoir un enseignement modelé sur leurs émotions, lacunes et état de fatigue du jour. Une intelligence quantique pédagogique, sorte de coach neuronal, ajuste en direct ambiance, rythme et méthode. Aujourd’hui, les élèves de 3e cycle reçoivent un cours d’Histoire. Sujet du jour : la révolution quantique. La voix grave de madame Keating retentit, familière, rassurante. Elle n’est plus présente depuis sa retraite, mais ses avatars cognitifs, reconstitués à partir de ses cours, lectures et journaux intimes, continuent d’enseigner.

« Bonjour, Sarah, Paul, Aérobi, résonne la voix chaleureuse. Aujourd’hui, nous allons plonger ensemble dans l’une des révolutions les plus profondes de l’Histoire humaine. »

Le cours débute par un flashback. Des figures légendaires surgissent dans les brumes holographiques : Einstein, Heisenberg, Schrödinger, de Broglie, Dirac. Nous sommes entre 1900 et 1935. « En 1905, Einstein démontre que la lumière peut se comporter comme un paquet d’énergie – un photon », observe madame Keating, comme pour réactiver une évidence oubliée. L’interface quantique pédagogique signale déjà à l’enseignante une baisse de concentration de la part de Paul. « Paul, peux-tu nous expliquer ce que tu as compris du principe d’incertitude d’Heisenberg ? », l’interroge-t-elle. Il sursaute, puis se redresse. D’une voix hésitante d’abord, il explique : « Avant la mécanique quantique, on pensait qu’en connaissant la position et la vitesse d’un objet, on pouvait prédire son futur avec précision, mais avec Heisenberg, ce déterminisme disparaît : il est impossible de connaître l’état exact d’une particule à un instant donné. »

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Les faits

  • Première révolution quantique. Entre 1900 et 1960, des physiciens comme Albert Einstein, Werner Heisenberg ou Louis de Broglie posent les bases d’une nouvelle théorie pour décrire le monde à l’échelle microscopique. Cette révolution scientifique a profondément transformé le XXe siècle, en rendant possibles des technologies majeures telles que le transistor, le laser, la diode, les horloges atomiques ou encore le GPS.
  • Deuxième révolution quantique. Au début du XXIe siècle, une nouvelle vague d’innovations se développe autour des technologies quantiques, notamment informatiques. L’Unesco a proclamé 2025 Année internationale des sciences et technologies quantiques.
  • 65 milliards de dollars. Le poids du marché mondial des technologies quantiques en 2030, avec une croissance annuelle moyenne de 30 % entre 2024 et 2030.
Source : Bpifrance (août 2024).
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Informatique quantique

L’idée est d’employer, au lieu des bits binaires ne pouvant avoir comme valeur que 0 ou 1, des qubits capables de combiner plusieurs valeurs et états en même temps. Concrètement, l’ordinateur classique teste tous les chemins possibles, un par un, pour trouver le plus court. L’ordinateur quantique va, lui, pouvoir avancer de façon plus diffuse et rapide, puisqu’à chaque intersection, il empruntera simultanément les deux directions.