Adji Bousso Dieng

23 juin 2022  | Par Marjorie CESSAC
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Chercheuse en intelligence artificielle chez Google et enseignante à Princeton, Adji Bousso Dieng a fondé l’ONG The Africa I know pour redonner le goût des sciences et de l’ingénierie à la jeunesse africaine, et promouvoir l’excellence du continent dans ce domaine.

Vous êtes experte en intelligence artificielle (IA) et en application de la modélisation probabiliste à la santé ou au climat. Vous êtes par ailleurs la première enseignante noire de l’université américaine de Princeton. Quels ont été les moments décisifs de votre parcours ?

Adji Bousso Dieng : Enfant, j’ai grandi au Sénégal, à Kaolack, une ville au centre du pays à trois heures environ de Dakar. À l’école, j’étais bonne en maths et dans les matières scientifiques, puis en première scientifique, j’ai été sélectionnée pour participer au camp d’été de la Fondation Pathfinder pour l’Éducation et le Développement. À cette occasion, j’ai rencontré son fondateur, le Malien Cheick Modibo Diarra, astrophysicien à la Nasa et ancien président de Microsoft Afrique Moyen-Orient. Pour moi, cela a été un déclic. C’était la première fois que je rencontrais un Africain qui faisait carrière dans le milieu des sciences, techniques, ingénierie et mathématiques (STIM). Grâce à lui, j’ai compris qu’il m’était possible, en tant qu’Africaine, de réussir dans ce domaine. C’était une chance, cela n’allait vraiment pas de soi. Mon père n’avait pas fait d’études et il est décédé quand j’avais 4 ans. Ma mère, elle, n’a pas fini le collège, mais comprenait ce que représentait l’école. C’est elle qui m’a permis, comme à tous ses enfants, d’y aller. Cela a été déterminant pour moi.

Quelles études avez-vous suivies ?

Adji Bousso Dieng : Après mon Bac, j’ai pu obtenir une bourse de la Fondation Pathfinder, financée par les États de l’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’une autre du gouvernement sénégalais. J’ai alors choisi d’aller en France où j’ai d’abord rejoint un lycée du XIIe arrondissement avant de faire ma prépa au lycée Henri IV. J’ai ensuite obtenu un diplôme d’ingénieur à Telecom Paris, puis un master en statistiques appliquées de l’université de Cornell, aux États-Unis. Une fois diplômée, j’avais à cœur de travailler à la Banque mondiale : cette institution remplit une mission noble en voulant éradiquer la pauvreté. Enfin, j’ai poursuivi un doctorat en statistiques à l’université de Columbia, jusqu’à ma thèse en mai 2020. Pendant cette période, j’ai eu l’occasion de faire des stages chez Microsoft Research, Facebook AI Research et DeepMind (Google). Aujourd’hui, j’enseigne et je fais de la recherche à Princeton. J’effectue en parallèle des recherches en intelligence artificielle chez Google.

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