AURELIE LAGRE

1 octobre 2018  | Par Coralie BAUMARD
L'actuariel // Métier // Portrait // AURELIE LAGRE

Son goût pour l’optimisation et la résolution de problèmes a mené Aurélie Lagré à l’actuariat. Un intérêt qu’elle retrouve également dans le management.

« Je suis contre le gaspillage à tous les niveaux : d’argent, de temps ou d’énergie. Je trouve que l’actuariat est un métier qui, par sa recherche d’optimum, par exemple en calculant un tarif ou une provision au plus juste, permet de les limiter », explique Aurélie Lagré. Le développement et la performance durables sont des principes qu’elle applique aussi bien dans sa vie privée que dans son management, qu’il s’agisse de faire construire une maison sans chauffage ou de préserver la force de travail en garantissant équilibre entre vie privée et vie professionnelle. « C’est ma pratique de la randonnée en montagne qui m’a confortée dans la conviction qu’il faut aller à l’essentiel et savoir doser son effort pour durer plus longtemps mais aussi aller plus loin », confie Aurélie Lagré. Elle a ainsi à cœur de participer à un meilleur équilibre dans l’entreprise entre les femmes et les hommes. « Je fais partie du réseau Cov&elles de Covéa. C’est un réseau de témoignages, d’accompagnement mais aussi de mentoring pour aider les femmes qui aimeraient avancer dans leur carrière car il faut parfois débloquer certains freins. Je me suis engagée dans le réseau dès sa création au sein de la MAAF. J’étais enceinte de ma deuxième fille et je trouvais ça intéressant d’apporter la preuve que l’on peut être maman et avoir une activité professionnelle épanouie. »

Tracer son chemin vers de nouveaux horizons

« J’ai eu la chance d’entendre parler de l’actuariat très tôt et donc de m’orienter vers les bons concours. » Son diplôme de l’Institut de science financière et d’assurances en poche, elle suit son chemin vers la vie professionnelle. Engagée chez Axa France Vie comme conseillère d’études actuarielles à la direction technique vie et banque à la suite de son stage, elle y découvre la richesse du métier d’actuaire. « J’avais une vision du métier très orientée calcul, je pensais que mon expertise était là, mais j’ai compris que l’actuariat était plus vaste. Durant mes missions, j’ai travaillé avec des interlocuteurs différents, des informaticiens, des médecins conseils, des collaborateurs du réseau de vente et cela m’a permis de me rendre compte qu’en plus des calculs j’appréciais beaucoup le côté relations humaines », confie Aurélie Lagré. Sa décision de quitter la région parisienne l’amène à changer d’entreprise mais aussi de secteur d’activité. En 2007, elle rejoint la MAAF en tant que responsable de l’actuariat. « J’ai découvert le métier de l’actuariat non-vie. Cela m’a apporté une vision plus large de l’assurance, j’ai expérimenté d’autres produits, d’autres méthodes de calcul mais également le métier de manager », indique Aurélie Lagré. Elle se spécialise alors sur la nouvelle norme Solvabilité II. Une norme porteuse de challenges et de réflexion. « Même si je déplore un formalisme parfois excessif, Solvabilité II nous a permis de clarifier la gouvernance, de documenter et de challenger tout ce qui se fait en termes de calcul. Après une première phase riche en échanges pour améliorer la norme, il y a aujourd’hui un enjeu d’automatisation et d’accélération assez fort puisque les reportings sont demandés de plus en plus fréquemment et de plus en plus tôt », note-t-elle.

De la passion des maths au goût des autres

L’année 2015 marque un véritable défi avec l’accélération de la formation du groupe Covéa. Aurélie Lagré, devenue responsable de l’actuariat central non-vie, doit alors gérer des équipes MMA et GMF : « Ça a été un peu sportif. Il a fallu créer une culture commune, harmoniser les pratiques et les méthodes et discuter avec chacun pour faire en sorte que les choses se passent au mieux et en toute sérénité. Ma démarche a été de chercher le meilleur chemin pour converger vers une méthode partagée par tous. »

En 2017, elle se voit proposer le poste de directrice de l’actuariat prudentiel et de responsable de la fonction actuarielle du groupe Covéa et de 22 de ses sociétés. Au programme de ce nouveau poste, une transversalité accrue et une participation au Comex du groupe : une expérience très instructive. « Cette casquette de fonction actuarielle m’ouvre un peu plus largement sur toute la chaîne de valeur de l’activité d’assurance. Je dois donner un avis sur la souscription, un avis sur la réassurance et contribuer au système de gestion des risques. Cela me permet de reporter dans des comités d’administration, des comités d’audit et de découvrir le monde plus institutionnel de l’entreprise », souligne-t-elle. Des responsabilités qui l’éloignent des calculs qu’elle aimait tant, du moins en apparence… « Essayer d’optimiser les process, de mettre la bonne énergie au bon moment au bon endroit, ce n’est plus de l’actuariat mais ça reste un équilibre et une modélisation à trouver pour que tout fonctionne au mieux. Au-delà des calculs, ce qui me plaît, c’est d’essayer de trouver des solutions aux problèmes et cela je le fais au quotidien », analyse-t-elle. Et Aurélie Lagré a une idée très précise de la problématique de l’actuaire de demain. « Face à la technologie de l’intelligence artificielle, l’actuaire va devoir se repositionner pour garder sa valeur ajoutée et sa pertinence. » Une équation de taille à résoudre.

Rebond

6 dates clés

  • 1977 : Naissance à Aubusson
  • 2000 : Actuaire diplômée de l’Isfa (prix de l’actuariat Scor 2001)
  • 2000-2006 : Conseillère d’études actuarielles à la direction technique vie et banque Axa France Vie
  • 2007-2014 : Responsable de l’actuariat puis des comptes techniques MAAF
  • 2015-2016 : Responsable de l’actuariat central non-vie Covéa
  • Depuis 2017 : Directrice de l’actuariat central prudentiel et responsable de la fonction actuarielle du groupe Covéa

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