Cyberassurance : digérer la part de risques

1 octobre 2018  | Par Coralie BAUMARD
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WannaCry, NotPetya… les attaques cyber au retentissement mondial se multiplient et créent un tremplin pour la cyberassurance. Une formidable opportunité commerciale et un véritable défi actuariel : risque de cumul, garanties silencieuses… La cyberassurance est-elle un marché viable ?

Six cents milliards de dollars, c’est le coût annuel mondial de la cybercriminalité pour les entreprises en 2018 (1). Conséquence, le marché de la cyberassurance se développe : en 2016, le volume des primes mondiales en cyberassurance était estimé à 3,5 milliards de dollars, dont 3 milliards provenaient des sociétés américaines, selon l’OCDE. Et ce n’est pas fini. Il devrait atteindre plus de 10 milliards de dollars en 2020, selon le rapport Seizing the Cyber Insurance Opportunity de KPMG, paru en 2017. De quoi aiguiser les appétits !

Contrairement aux États-Unis, où l’assurance cyber se développe depuis les années 2000, le marché européen demeure embryonnaire. Résultat, « une cyberassurance en Europe continentale coûte deux à trois fois moins cher que sur le marché anglais ou américain, analyse Luc Vignancour, souscripteur cyber chez Beazley. Mais je ne sais pas si cela durera. Les sinistres en France ne dépassent pas encore les dix millions d’euros. Ce sera le premier gros sinistre de cumul qui fera bouger les prix ». L’offre supérieure à la demande et la concurrence féroce expliquent aussi les politiques tarifaires. « Les polices sont présentées avec un volet responsabilité civile et un volet dommages. Certains assureurs, pour des contextes particuliers de fusion, de rapprochement ou d’envie de constituer un matelas de primes, sont très agressifs. Ils proposent des prix relativement bas sur les entreprises du CAC 40, un segment de marché qui est fortement équipé, mais aussi sur les ETI. Or celles-ci présentent un niveau de sécurité inférieur. Nous arrivons à une situation illogique : des prix très bas pour des risques beaucoup moins matures », analyse Jérôme Chartrain, souscripteur cyber chez Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS), l’entité d’Allianz dédiée à l’assurance des grands risques industriels et de spécialités.

Des risques énormes

Traversant les frontières et pouvant s’attaquer à n’importe quelle entreprise quels que soient sa taille et son secteur, le risque cyber pose la question de la méthode de mutualisation.

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