Et si… les genres étaient abolis ?

1 janvier 2019  | Par Coralie BAUMARD
L'actuariel // Humanités // Et si… les genres étaient abolis ?

8 mars 2038

Les algorithmes d’intelligence artificielle évaluent les humains et dictent leurs vies. Intrinsèquement porteurs de biais culturels, ils reproduisent et accentuent les inégalités… de genre et même davantage.

« Notre vie, notre code », « Les algo n’auront pas notre peau ! », « Mon choix n’appartient pas à l’IA », scandent les manifestants en brandissant des pancartes « Stop à la discrimination », « Hommes et femmes même combat ! ». Aujourd’hui, 8 mars 2038, à l’appel de l’ONG FairAI, plusieurs millions de personnes dans le monde ont défilé pour la Journée internationale de la femme. Leur revendication ? Abolir la distinction de genre afin de réduire les discriminations dans les traitements algorithmiques. Leur inspiration ? La décision en 2011 de la Cour européenne de justice qui a interdit aux assureurs de prendre en compte le sexe des assurés pour déterminer un tarif. À présent, ils espèrent obtenir la ratification d’une convention de l’ONU protégeant les droits humains face à la question algorithmique.
« Les femmes comptent dans la société ! », s’exclame amère Ada L. Son diplôme de roboticienne d’une prestigieuse université devait lui ouvrir toutes les portes, mais elle est au chômage depuis deux ans. Son compagnon, issu de la même formation, a, lui, passé haut la main le test de recrutement d’un géant du secteur. « J’étais major de ma promotion et, avec l’engouement pour les robots compagnons, le secteur est en plein boom. Mais mes candidatures sont systématiquement rejetées sans explications. Tous mes condisciples masculins, eux, ont trouvé un emploi. » Sans son conjoint, elle ne pourrait même pas se loger. « Je ne remplis pas les conditions essentielles exigées par les algorithmes des agences immobilières. » Pourtant, elle refuse de se résigner. « Je suis enceinte de trois mois. J’ai presque honte de l’avouer, je souhaite parfois avoir un fils. Pour lui, la vie serait plus facile. Mais, si j’ai une fille, je ne peux pas accepter qu’elle devienne une citoyenne de seconde zone. »
Dans toutes ses antennes, FairAI a mis en place des cellules d’écoute psychologique pour soutenir ceux qui sont écartés de la société par les algorithmes.

Vous souhaitez lire la suite de l’article ?

Achat de l'article

Acheter

Abonnement

S'abonner

Mon compte

Se connecter