Retraites : le prix de la transformation

1 octobre 2019  | Par Coralie BAUMARD
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Depuis une dizaine d’années, en Europe, les réformes des systèmes de retraite se succèdent avec un défi commun : s’adapter à des changements démographiques sans précédent, et faire perdurer le principe de protection sociale. Regards croisés de spécialistes en Pologne, en Italie et au Royaume-Uni.

Réformer le système de retraite est un défi politique, social et économique pour les États. Et un casse-tête inévitable compte tenu du vieillissement de la population. D’ici à 2050, une personne sur quatre vivant en Europe et en Amérique du Nord pourrait avoir 65 ans ou plus selon le rapport World Population Prospects 2019 de l’Organisation des Nations unies.
Pour assurer la viabilité financière et la pérennité de leur système, plusieurs pays ont déjà entrepris des réformes. Giampaolo Crenca, actuaire italien, Simon Brimblecombe, actuaire britannique, et Krzysztof Hagemejer, économiste polonais, témoignent de la difficulté de transformation de leurs pays respectifs.

Le poids des années

L’Office for National Statistics (ONS) prévoit que plus de 24 % des Britanniques auront 65 ans ou plus d’ici à 2042, soit une hausse de 18 % par rapport à 2016. Les dépenses liées à la retraite d’État s’élevaient à près de 92 milliards de livres sterling en 2017 (soit 5,1 % du PIB), contre 26 milliards de livres sterling en 1992 (3,6 % du PIB). Sur la base des projections démographiques actuelles, l’Office for Budget Responsability, l’organisme chargé d’analyser les finances publiques, estime qu’elles atteindront 6,1 % du PIB d’ici à 2042.
Le problème n’est pas nouveau. Dès 1995, les législateurs prévoyaient de relever progressivement l’âge de la retraite pour les femmes de 60 à 65 ans à l’horizon 2020 pour l’aligner sur celui des hommes. Le calendrier s’étant accéléré, l’objectif a été atteint dès 2018. En 2014, le Pension Act instaurait, comme facteur essentiel de l’élaboration du système des retraites, le calcul actuariel de l’espérance de vie. Une révision régulière de l’âge de la retraite a ainsi été inscrite dans la loi et a imposé un nouvel agenda aux futurs retraités : 67 ans pour percevoir sa retraite d’état entre 2026 et 2028, et 68 ans pour la percevoir entre 2044 et 2046. En juillet 2017, David Gauke, le secrétaire d’État au Travail et aux Pensions, annonçait que le gouvernement souhaitait avancer ce délai pour l’appliquer en 2037-2039. Le but ? Économiser 74 milliards de livres d’ici à 2045. Autre ambition : stabiliser le temps passé à la retraite à 32 % de la durée de vie adulte moyenne. En 2019, le gouvernement actuel n’a pas confirmé son intention de reprendre à son compte cette mesure. Pour obtenir une retraite à taux plein, les Britanniques doivent aujourd’hui comptabiliser trente-cinq années de cotisations et avoir atteint l’âge de départ qui leur a été attribué par le Pension Act. En Italie, l’allongement de la durée de la vie est également une préoccupation essentielle. L’espérance de vie résiduelle à 65 ans est de 19,3 ans pour les hommes (+ 0,3) et de 22,4 ans pour les femmes (+ 0,2) en 2019, selon l’Institut national des statistiques italien (Istat). Les plus de 65 ans représentent aujourd’hui 22,8 % de la population totale. « Le vieillissement rapide de la population est l’un des défis du système italien. Nous devons faire face au problème aujourd’hui pour penser le futur », souligne Giampaolo Crenca, actuaire italien.

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