PATRICK ARTUS, Chef économiste chez Natixis

1 janvier 2019  | Par Marjorie CESSAC
L'actuariel // économies // PATRICK ARTUS, Chef économiste chez Natixis

L’économiste Patrick Artus entend se distinguer des prévisionnistes et s’affranchir des modèles. Il livre à l’actuariel son analyse des risques politiques, sociaux et, surtout, climatiques.

Dans votre ouvrage Et si les salariés se révoltaient ? (1), vous pointez la montée des inégalités sociales. En particulier la tendance des entreprises à demander plus de flexibilité, sans rémunérer le risque pris par les salariés. Il s’agirait d’une dérive du capitalisme. Vers quoi peut-elle nous conduire ?

Patrick ARTUS : Depuis vingt ans, dans les pays de l’OCDE, à l’exception de la France et de l’Italie, les salaires augmentent moins vite que la productivité. La norme veut que les entreprises distribuent leurs gains de productivité non plus à leurs salariés mais à leurs actionnaires. Ensuite, et la France est aussi concernée, les salariés se voient de plus en plus obligés de porter les risques de l’entreprise. Quand les choses vont mal, celles-ci peuvent licencier, ajuster les rémunérations. Or il y a consensus des économistes pour dire que, au-delà de l’éthique, ces inégalités détruisent de la croissance et que les salariés doivent être rémunérés pour les nouveaux risques qu’ils prennent.

Vous évoquez les bouleversements du marché du travail et l’impact de l’intelligence artificielle. Quels sont les risques macroéconomiques ?

Patrick ARTUS : Il faudra plus de recul… mais cette nouvelle révolution industrielle – contrairement à toutes celles du passé – donne le sentiment de détruire des emplois sophistiqués et de ne créer que des emplois de service bas de gamme. Si un robot détruit en moyenne trois emplois dans une entreprise, il en crée cinq dans les services à la personne, grâce aux revenus qu’il génère, mais à des niveaux de salaire plus faibles.

Élections au Brésil, Trump aux manettes, montée des partis extrémistes et du populisme. Quelle est votre vision de l’augmentation des risques politiques ?

Patrick ARTUS : Il y a des tensions à l’intérieur des pays et certaines sont liées à ce que nous venons d’évoquer.

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