Énergie, eau, minerais et espace foncier : les besoins de l’IA en matières premières explosent à mesure que cette mutation technologique et sociétale avance. Si des efforts de frugalité sont engagés pour limiter la demande, ceux-ci sont rapidement compensés par des usages croissants et plus sophistiqués.
Ce sont des terres fertiles qui, jusqu’ici, étaient consacrées à la culture du riz. Dans ce coin perdu et verdoyant de la Louisiane profonde, à Richland Parish, des travaux ont démarré dès l’an dernier pour faire émerger en 2030 le plus grand datacenter du groupe Meta (Facebook) qui, au total, en compte déjà 20. Cette infrastructure, dont l’objectif est de stocker et d’organiser les données informatiques, est l’une des nombreuses en cours de développement aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Les modèles de langage comme GPT-4 ou Gemini requièrent d’immenses capacités de calculs qui impliquent la construction de ces vastes centres de données. Les dimensions de celui de Richland Parish (10 fois la taille d’un projet Meta classique), ses besoins voraces en foncier (4 millions de m2, soit l’équivalent de 570 terrains de football) et, surtout, en énergie (avec un projet de construction de deux centrales électriques à gaz à proximité) illustrent ce que représente, en termes de ressources, la course au gigantisme qu’implique l’IA.
Globalement, cette technologie est gourmande en ressources pour la fabrication des serveurs et réclame ensuite une quantité massive d’électricité pour les faire tourner. Selon les dernières prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publiées en avril 2025 (1) : « La demande d’électricité des centres de données dans le monde devrait plus que doubler d’ici à 2030 pour atteindre environ 945 TWh, soit un peu plus que la consommation totale d’électricité du Japon aujourd’hui. » À cette échéance, les centres de données consommeront un peu moins de 3 % de l’électricité mondiale. Aujourd’hui, « un centre de données de 100 mégawatts peut consommer autant d’électricité que 100 000 ménages » par an. Demain, poursuit l’AIE, « les plus grands centres actuellement en construction en consommeront vingt fois plus », soit l’équivalent de deux millions de foyers.