Depuis plusieurs années, les assureurs cherchent à réduire les émissions de carbone, en se concentrant sur leurs portefeuilles d’investissement. Une stratégie insuffisante, car elle fait l’impasse sur leur cœur de métier : la souscription. Cet « oubli », qui s’explique par la complexité accrue du sujet, est en train d’être réparé. Mais les réponses apportées ne font pas l’unanimité.
Les assureurs ont un rôle à jouer dans l’atteinte de la neutralité carbone à l’échelle planétaire d’ici 2050. Ce mantra, repris depuis l’accord de Paris par un nombre croissant d’acteurs du secteur, utilisait jusqu’ici une seule caisse de résonance, celle des investissements à l’actif, laissant de côté ce qui constitue pourtant le cœur du métier : la souscription des risques au passif. Un déséquilibre de plus en plus difficile à assumer pour certains. « En matière climatique, notre plan de transition doit reposer sur trois piliers : ce que nous faisons en tant qu’entreprise, ce que nous faisons en tant qu’investisseur durable, mais aussi ce que nous faisons en tant qu’assureur responsable », plaide Matthias Seewald, membre du comité exécutif d’Allianz France en charge des investissements, qui vient d’être missionné pour coordonner avec le groupe l’ensemble de l’action. Allianz fait en effet partie des quelques rares acteurs – avec en particulier Axa ou encore Scor – à avoir pris, noir sur blanc, des engagements de décarbonation au niveau de leur portefeuille d’assurance dommage d’ici 2030. Des promesses qui pourraient se multiplier dans les mois à venir, mais avec quel niveau de crédibilité ? « Décarboner l’actif revient, schématiquement, à faire bouger des lignes d’investissements dans un fichier Excel, alors que décarboner le passif, c’est dire au revoir à des clients », résume un ancien assureur impliqué dans ces projets dès leurs prémices. Le chemin de la neutralité carbone des activités de souscription est, de fait, semé d’embûches.
Une comptabilité carbone embryonnaire
L’une des toutes premières difficultés rencontrées est d’ordre méthodologique : pour décarboner un portefeuille d’assurance, encore faut-il savoir combien de carbone il émet !