Stéphanie Pelletier

27 septembre 2021  | Par Thomas LESTAVEL
L'actuariel // Métier // Portrait // Stéphanie Pelletier

Directrice de l’actuariat chez Allianz France et membre fondatrice du réseau Actu’Elles, Stéphanie Pelletier met son énergie au profit du partage d’expérience et de l’inclusion de nouveaux profils.

Stéphanie Pelletier est une femme occupée. Mère de trois enfants, elle est, depuis deux ans, la directrice de l’actuariat d’Allianz France. Ses responsabilités au sein de la filiale tricolore du premier assureur européen ne l’empêchent pas de s’impliquer en parallèle dans le monde associatif. Membre du conseil d’administration de l’Institut des actuaires, elle a rejoint, dès sa création, le réseau Actu’Elles, qui promeut la parité dans la profession et crée des occasions de rencontres (conférences, débats…) en favorisant l’entraide grâce au partage d’expérience.

Originaire des Deux-Sèvres, fille de producteurs de lait, Stéphanie Pelletier a grandi dans un village près de Niort. Son frère a rejoint l’industrie agroalimentaire, tandis que sa sœur, atteinte de trisomie, est salariée d’un centre d’aide par le travail (ESAT). La petite dernière de la fratrie s’est démarquée à l’école en sautant le CM2 et en rejoignant l’année suivante la classe bilingue. « J’y étais la seule fille de paysans. Les autres avaient plutôt des parents ingénieurs ou profs », se souvient-elle. Elle prend l’ascenseur social et combat dès son jeune âge le syndrome de l’imposteur. « Dans nombre d’étapes de ma vie, j’ai dû me répéter : “Si j’ai été sélectionnée, c’est que j’en suis capable” », confie-t-elle. C’est en classe prépa, à Poitiers, qu’une conseillère d’orientation lui parle de l’actuariat et elle intègre l’ISFA en 1993. La définition du mot actuaire dans le dictionnaire familial – « celui qui certifie les tables de mortalité » – ne suffit pas à rassurer ses parents, alors la jeune femme préfère dire qu’elle va devenir « une ingénieure de l’assurance ».

Cultiver l’art du compromis

Le cabinet de conseil Ernst & Young lui propose un poste dès sa sortie de l’ISFA, en 1996. « Je n’avais aucune idée de ce qu’étaient les Big Six à l’époque. » Elle rejoint la toute nouvelle ligne de services en actuariat pour y développer l’offre dédiée aux engagements de retraite et de prévoyance. Elle intervient pour le compte de sociétés industrielles et commerciales sur la valorisation et le financement de leurs passifs sociaux, ou encore réalise des reconstitutions de carrières afin d’évaluer la garantie de retraite de salariés expatriés. Elle participe à des due diligence sur des dossiers emblématiques comme Usinor. « Mes tâches étaient variées : démarcher des clients, réfléchir à l’industrialisation des missions pour les rendre plus rentables… J’avais un niveau de responsabilité sans doute déraisonnable à l’époque ! », s’exclame cette passionnée de scrapbooking, une activité qui la fait « décompresser en quelques minutes ». Après sept années intenses chez EY, ponctuées de fréquents pics d’activité, Stéphanie Pelletier passe côté client. Elle rejoint Allianz France, à l’époque AGF, comme contrôleuse de gestion et cheffe de projet en assurance-vie individuelle. Elle gère et anime le volet technique de projets transversaux, comme la migration d’un système d’information ou la mise en place du dispositif de contrôle pour la loi Sarbanes-Oxley. Elle y découvre le management hiérarchique. « En conseil, tout le monde aligne naturellement ses priorités sur les besoins du client. Dans une grande structure comme Allianz, ce qui est prioritaire pour une équipe ne l’est pas forcément pour une autre. » De quoi l’inciter à peaufiner son art du compromis.

Pendant sa carrière se succèdent des missions transverses et des fonctions de production, une alternance dont elle reconnaît la valeur : « Mettre la technicité sur pause de temps en temps permet de mieux replonger dedans ensuite. » À partir de 2014, elle se frotte au pilotage des moyens budgétaires et s’attaque à la robotisation de tâches répétitives, en lien avec les normes IFRS. C’est à la même époque que Claude Chassain, associée chez Deloitte, lui suggère de contribuer au lancement d’Actu’Elles. Elle n’hésite pas. Idem en 2019, à peine un an après avoir pris les rênes de l’audit interne d’Allianz France, lorsqu’elle est promue directrice de l’actuariat : « Moi qui avais inscrit chaque étape de ma carrière dans la durée, j’ai dû me faire violence, car l’opportunité était trop belle », glisse-t-elle.

Être « un mec comme les autres »

Lorsque Allianz, lui a proposé de coacher des jeunes diplômés à la recherche de leur premier emploi, dans le cadre d’un partenariat avec l’association Nos Quartiers ont du talent, la dirigeante a également répondu présente. « On passe à côté de bons profils dans la finance, parce qu’ils n’ont pas appris à se présenter à un entretien d’embauche », témoigne Stéphanie Pelletier. Aujourd’hui, celle qui a grandi avec l’idée « qu’il n’y a qu’en excellant en maths qu’on est un mec comme les autres » est sensible à la mission d’inclusion de ses engagements. Organiser des moments d’échanges, mettre en avant des role models féminins et valoriser les softs skills, trop souvent délaissées par les profils techniciens au détriment de leur carrière : tout cela la motive et la porte. Grâce à Actu’Elles, Stéphanie Pelletier a elle-même appris à adopter un langage moins technique et à cultiver son réseau : « Pour moi qui me suis longtemps considérée comme timide, l’engagement dans Actu’Elles a agi de manière plus puissante que n’importe quel outil de développement personnel. »

 

Note

5 dates clés

5 dates clés

  • 1996 Actuaire consultante chez Ernst & Young
  • 2003 Cheffe de projet chez Groupe Allianz
  • 2014 Cocréatrice d’Actu’Elles
  • 2018 Directrice de l’audit interne chez Allianz France
  • 2019 Directrice de l’actuariat d’Allianz France

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