Les compagnies dans l’étau des stress tests climatiques

31 mars 2021  | Par Séverine LEBOUCHER
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Fin 2020, quatorze sociétés d’assurances ont participé à un test de résistance visant à mesurer l’impact du changement climatique sur leur activité. Les résultats de cet exercice coordonné par l’ACPR ne seront connus que fin avril, mais des pistes d’amélioration de ce nouvel outil de gestion du risque sont déjà évoquées.

Pour une compagnie d’assurances, ne pas suffisamment prendre en compte le changement climatique dans sa politique d’investissement ou de souscription peut lui faire courir un risque de réputation de plus en plus net. Mais le risque peut aussi se matérialiser de manière sonnante et trébuchante en plombant ses comptes financiers. Pour mieux mesurer cet impact, les régulateurs incitent l’industrie de l’assurance à utiliser l’outil des tests de résistance, ou stress tests. Si les initiatives en la matière sont encore timides, la France, par l’intermédiaire de l ’ACPR, a choisi d’accélérer ses travaux, concrétisés fin 2020 par l’organisation d’un exercice pilote. Quatorze compagnies d’assurances – représentant plus de 80 % du marché français  – mais aussi neuf banques se sont portées volontaires pour ce « stress test blanc » dont les résultats seront connus fin avril. « À ce stade des connaissances, le risque climatique est encore difficile à appréhender et ce type d’exercice permet de préparer l’industrie tout en testant les scénarios et les méthodologies », souligne Laurent Clerc, directeur de la direction d’étude et d’analyse des risques de l’ACPR et coordinateur de ce projet.

Le principe du stress test est bien connu des assureurs. Modéliser des scénarios très défavorables – par exemple une période prolongée de taux bas suivie d’une brutale hausse des primes de risque – et mesurer l’impact qu’ils auraient sur la solvabilité future des acteurs, c’est ce que fait depuis plus de dix ans le superviseur européen. À l’échelle individuelle aussi, les compagnies d’assurances ont souvent recours à cet outil dans le cadre de leurs ORSA (évaluation interne des risques et de la solvabilité) exigées par Solvabilité II.

Un exercice inédit et ambitieux

Mais le stress test proposé par l’ACPR en diffère par bien des aspects. À commencer par son horizon de temps très lointain : 2050. « Le risque climatique physique se matérialisera surtout à long terme, c’est pourquoi nous avons fixé un horizon à trente ans pour cet exercice, alors que les stress tests utilisés dans le cadre des ORSA ne se projettent généralement que sur trois à cinq ans », justifie Laurent Clerc. La violence du choc est également de nature différente. « Il s’agit non pas de tester l’impact d’un phénomène brutal générant des pertes extrêmes et ponctuelles, mais d’étudier une tendance entraînant des décalages continus dans les équilibres techniques de certains marchés », souligne Pierre Valade, actuaire certifié IA, courtier senior chez Aon Benfield.

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