Données ESG : sortir de l’abstraction

27 septembre 2021  | Par Séverine LEBOUCHER
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Les données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) sont le socle de la finance durable. Mais elles restent difficiles à obtenir et les standards sont à inventer. Dans la conquête de ce marché, l’Europe, championne des fonds responsables, entend affirmer sa vision de l’ESG face aux Anglo-Saxons.

Estimer la valeur d’une entreprise nécessite de s’appuyer sur son chiffre d’affaires, son résultat d’exploitation, sa trésorerie et une multitude d’autres informations financières. Mais pour évaluer son profil en termes de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), un tout autre champ de données doit pouvoir être mobilisé : émissions de gaz à effet de serre, production de déchets dangereux, ratio de parité au sein du conseil d’administration, nombre d’accidents du travail, respect des réglementations fiscales… Leur variété est aussi vaste que l’est le périmètre du développement durable.

Des informations indispensables à un nombre croissant d’acteurs

Avec l’essor rapide de la finance durable, ces informations dites « extra-financières » deviennent indispensables à un nombre croissant d’acteurs. « Historiquement, les données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) étaient surtout demandées par des asset managers ou des investisseurs institutionnels qui souhaitaient donner une dimension éthique à leurs placements, observe Emmanuel de La Ville, directeur général de l’agence de notation extra-financière EthiFinance. Aujourd’hui, cette approche de conviction se généralise à l’ensemble du monde financier, en particulier dans une optique de meilleure gestion des risques. » Les investisseurs doivent davantage rendre des comptes, à leurs clients ou aux régulateurs, et prouver qu’ils prennent en considération ces aspects dans leurs décisions. Des textes législatifs récents, comme le règlement européen sur la transparence en matière de durabilité – ou Sustainable Finance Disclosure Régulation (SFDR) –, viennent encore récemment de renforcer ce besoin.

Cet appétit pour les données ESG dépasse en outre le strict champ de l’investissement. « Nous avons des demandes de banques qui veulent créer des prêts indexés sur des objectifs ESG ou encore d’assureurs qui regardent comment faire varier les primes en fonction du profil extra-financier de leur client », poursuit Emmanuel de La Ville. Ainsi, les acteurs financiers ne s’intéressent plus uniquement aux seules grandes entreprises cotées, mais veulent avoir ces renseignements pour des PME, des émetteurs de dette, des projets d’infrastructures… « Le système financier a besoin de ces indications pour aligner les flux de capitaux sur une trajectoire bas carbone : disposer d’une information de qualité permet à la finance de jouer son rôle en matière de transition énergétique juste », prévient Charlotte Gardes, adjointe au chef du bureau finance durable à la direction générale du Trésor.

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