Christian Arnsperger

22 juin 2023  | Par Joris BOLOMEY
L'actuariel // Humanités // Christian Arnsperger

Christian Arnsperger est économiste, professeur en durabilité et anthropologie économique à l’Institut suisse de géographie et durabilité de l’université de Lausanne. Il est spécialiste du lien entre transition écologique et mutation des mentalités.

Votre dernier ouvrage, L’existence écologique, forme le troisième volet d’une « trilogie existentielle ». Quel est l’enjeu de cette trilogie ?

Christian Arnsperger : Les trois livres forment en effet un tout, avec des thèmes qui se font écho et se répondent [Critique de l’existence capitaliste ; Éthique de l’existence post-capitaliste]. Ils peuvent être lus dans le désordre, mais il y a entre eux une progression. Au début, dans les années 2000, je n’étais pas encore très centré sur les questions écologiques. Je venais de l’horizon de l’économie hétérodoxe et de la critique du capitalisme. Je m’intéressais surtout à la notion d’aliénation – qui ne signifie rien d’autre que : « Nous sommes devenus étrangers à nous-mêmes » – et je voulais comprendre pourquoi le productivisme et le consumérisme rendent l’Occident moderne (et tous ses satellites coloniaux et néocoloniaux) tellement destructeur des potentiels humains. Je voulais surtout saisir pourquoi nous sommes si peu à percevoir cette destructivité – comme si le capitalisme n’était pas uniquement un système économique qui fonctionne sur la quête du profit, sur l’exploitation du travail et sur la croissance de la production et de la consommation (ce qu’il est, bien entendu), mais était aussi une forme de « spiritualité » : un cadre de vie en société qui, même destructeur des humains et de la nature, semble donner un sens à l’existence humaine, aussi « tordu » soit-il.

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