La guerre en Ukraine n’est pas encore terminée que la question de l’après se pose déjà. La reconstruction du pays recèle de grandes opportunités tant économiques que politiques. Que nous apprennent les exemples du passé ? Comment arbitrer les priorités et orchestrer les acteurs impliqués dans la réparation des dommages ?
Deux ans et demi, déjà, que la Russie a envahi l’Ukraine. Dans cette guerre qui s’enlise, au-delà du nombre de morts qui dépasserait les 80 000 côté ukrainien, dont 11 000 civils, chaque journée apporte son lot de destructions. Le pays a perdu un tiers de son PIB dès la première année du conflit. La pauvreté a quadruplé, et un foyer sur trois se trouve en situation d’insécurité alimentaire. D’après les autorités, près du quart du territoire serait contaminé par des mines et des munitions non explosées. Logements, infrastructures énergétiques, écoles, hôpitaux, routes, ponts… le chantier de la reconstruction sera immense. Selon les dernières estimations livrées par l’État ukrainien, la Banque mondiale, la Commission européenne et les Nations Unies, son coût dépassera les 500 milliards de dollars, soit trois années de PIB. « Un ordre de grandeur sans doute minoré », prévient Pierre Heilbronn, l’envoyé spécial de la France pour l’aide et la reconstruction de l’Ukraine.
Derrière le drame humain se cachent donc un immense défi industriel… et une opportunité économique inédite. S’il peut paraître indécent d’évoquer le business de la reconstruction en pleine guerre, les travaux ont en réalité déjà commencé dans des territoires éloignés de la ligne de front. L’exécutif ukrainien n’y va pas par quatre chemins. « Nous voulons que vous soyez tous partie prenante du miracle économique ukrainien », a lancé en février le Premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, lors d’une réunion bilatérale organisée par Tokyo au siège du Keidanren, le Medef nippon. Cinquante-six contrats et accords ont été signés à cette occasion. « Les entreprises qui investissent aujourd’hui dans l’économie ukrainienne pourront bénéficier dans les prochaines années d’avantages et d’opportunités que vous n’imaginez pas », a ajouté Denys Chmyhal.