L’industrie minière ne brille pas par son image. Mais, sans elle, pas de monde moderne. Et encore moins d’avenir. Les besoins de terres rares, lithium et autres minerais et métaux remettent le secteur sous les feux des projecteurs, tandis qu’il doit jongler entre demande mondiale croissante et contraintes ESG.
Nécessité fait loi. « Sans exploitation minière, il n’existe pas de transition numérique et verte », tranche ainsi Colin Mackey, directeur des opérations européennes du géant minier mondial Rio Tinto, interrogé par La Tribune en mars 2023. À l’heure où les nations s’engagent vers le Net-Zero à horizon 2050, les besoins en matériaux et métaux pour la green tech s’annoncent colossaux. Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 80 % du mix énergétique mondial sont composés d’énergies fossiles – pétrole et charbon en tête (30 % du mix chacun), et gaz (20 %). En regard, l’hydroélectricité représente 2,4 %, l’éolien, 0,4 % et le solaire 0,08 %. Ces technologies du renouvelable se construisent avec du lithium, du graphite, du cobalt, du nickel et des terres rares. Et elles demandent beaucoup de matériaux. Une voiture électrique nécessite, par exemple, six fois plus de matériaux qu’une thermique ; et un mégawatt de production électrique en éolien offshore en demande seize fois plus que le nucléaire.
Au global, la demande de matériaux va augmenter d’un facteur quatre, voire six, entre 2020 et 2040. Soit de moins de 10 millions de tonnes de matériau à plus de 40 millions de tonnes par an. Il y aura besoin de 42 fois plus de lithium, de 25 fois plus de graphite, de 21 fois plus de cobalt, 19 fois plus pour le nickel et 7 fois plus de terres rares, exposait Christophe Poinssot, directeur général délégué et directeur scientifique du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) lors d’une conférence à la Société française d’énergie nucléaire, en 2022. Et ce pour les seuls besoins de la transition énergétique. En y ajoutant ceux de la transition numérique et ceux de l’augmentation de la population mondiale et de son urbanisation croissante, il faudra produire plus de ressources minérales d’ici à 2050 que tout ce qui a pu l’être depuis le début de l’humanité, selon le directeur de recherche CNRS à l’Institut des Sciences de la Terre (Isterre).