Auteur principal d’un rapport sur la finance bleue, Tao Wang témoigne de la mobilisation nécessaire des acteurs publics et privés pour protéger les océans. Il détaille notamment les instruments financiers capables de susciter l’intérêt des investisseurs et de garantir une préservation réelle de la richesse marine.
Pour quelles raisons la société fait-elle si peu cas de l’océan ? Finalement, cela ne fait que quelques années que nous nous intéressons à lui.
Tao Wang : Durant des décennies, les contributions économiques et écologiques de l’océan ont été sous-estimées. Elles n’étaient pas réellement mesurées de façon globale, il était donc difficile d’appréhender son rôle dans l’écosystème. Cette méconnaissance a aussi conduit la société, à l’exception de la population directement concernée, à considérer comme acquis le rôle des océans dans la régulation du climat, le soutien au commerce mondial, la création d’emplois, le maintien des pêcheries et l’alimentation, la protection des côtes…
Mais je pense objectivement que cela commence à changer. Les progrès réalisés dans la comptabilité océanique, la surveillance par satellite et l’évaluation des services écosystémiques ont rendu plus tangibles les contributions et la vulnérabilité des océans. C’est dans ce sens que l’engagement du groupe de la Banque mondiale, l’assistance technique qu’il propose en matière de conseil et ses investissements dans les pays en développement soutiennent l’essor d’une économie océanique durable. La dernière conférence des Nations unies sur les océans (Unoc), à Nice en juin 2025, a également donné un nouvel élan à ce mouvement. C’est une bonne chose.