Hydrogène : miracle ou mirage ?

15 juin 2021  | Par Jessica BERTHEREAU
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Souvent présenté comme un atout majeur dans la lutte contre le changement climatique, l’hydrogène cristallise l’espoir de nombreux États. Mais de par les difficultés liées aux coûts et à la complexité technique, ce vecteur est-il en mesure de produire la révolution énergétique attendue ?

L’hydrogène fait rêver depuis longtemps. En 1875, Jules Verne imaginait déjà que ce gaz découvert à la fin du XVIIIe siècle serait le combustible du futur. Au début des années 2000, l’essayiste américain Jeremy Rifkin envisageait dans un livre (1) un déploiement massif de l’hydrogène mettant fin à l’hégémonie des combustibles fossiles, tandis que le président américain George W. Bush annonçait un large plan d’investissement en faveur de ce vecteur énergétique. Puis le soufflé est retombé. Mais voilà que, depuis quelques années, l’hydrogène suscite à nouveau un grand intérêt : 20 pays pesant 44 % du PIB mondial ont adopté une stratégie nationale ou étaient sur le point de le faire, selon un recensement effectué en septembre 2020 par la branche allemande du Conseil mondial de l’énergie  (2). Parmi eux, l’Allemagne et la France, qui se sont engagées à investir respectivement 9 et 7 milliards d’euros sur les dix prochaines années. La Commission européenne s’est aussi saisie du sujet, avec une stratégie lancée à l’été 2020.

L’heure serait-elle donc venue pour un développement à grande échelle de l’hydrogène ? «Le contexte n’a jamais été aussi favorable», estime Charlotte de Lorgeril, consultante spécialisée dans l’énergie et l’environnement pour le cabinet Sia Partners. «Les États et de grandes entreprises ont pris des engagements forts de trajectoire de décarbonation à long terme, qui ne pourront être atteints sans mobiliser tous les leviers disponibles, dont l’hydrogène. Et les financements sont sur la table», appuie-t-elle. Pour Daniel Hissel également, «tous les feux sont au vert  ». Ce chercheur, professeur à l’université de Franche-Comté et directeur adjoint de la Fédération de recherche « hydrogène » du CNRS, y voit la conjonction de trois facteurs : une maturité technologique, en particulier des piles à combustible, une volonté politique et sociale – en matière de transition écologique, mais aussi de réindustrialisation –, et enfin un véritable intérêt du côté du marché.

Cependant, il faut prendre garde à ne pas voir l’hydrogène comme une solution miracle, prévient Cédric Philibert, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri), qui aurait préféré que «les efforts publics soient encore plus clairement orientés vers la montée en puissance des énergies renouvelables».

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