– Juin 2043 –
Pour garantir ses promesses de transition alimentaire et répondre à une demande mondiale grandissante en produits de la mer, le secteur de la production aquatique s’est profondément transformé depuis les années 2020. L’essentiel des ressources est désormais fourni par une aquaculture durable.
Les premiers rayons du soleil n’ont pas encore percé à l’horizon, que Justin Delvogel quitte déjà le port de Boulogne-sur-Mer et prend la mer. Ce technicien aquacole a été tiré du sommeil en pleine nuit d’astreinte par le son strident de l’alerte diffusée via ses lunettes de réalité mixte. À peine les paupières décollées, il a découvert les rapports d’erreurs que venait de lui envoyer le système central de la ferme aquacole dont il a la charge. Certains capteurs de surveillance de l’élevage sont à l’arrêt et entraînent le blocage de l’ensemble du système. L’exploitation pour laquelle il travaille a été inaugurée ce printemps 2043 sur le site de la Bassure de Baas, à une dizaine de kilomètres au large de Berck, au sud de Boulogne-sur-Mer. Elle se veut un exemple en matière de gestion durable des ressources aquatiques.
La ferme est implantée entre les mâts d’acier du parc éolien marin de la Bassure de Baas. À mesure que le bateau s’approche de la zone, on distingue entre les pylônes un maillage de bouées signalant la présence de cages en filets. Depuis les années 2020, les fermes aquacoles se sont rapprochées des champs éoliens marins. Après de premières expérimentations en mai 2017 en Belgique, les projets pilotes se sont multipliés dans le pays, ainsi qu’en Allemagne.
Didier GASCUEL, professeur en écologie marine à Agrocampus Ouest à Rennes, dresse dans cet essai le concept de « pêchécologie » sous la forme d’une agroécologie de l’océan. La minimisation des impacts de la pêche, les évolutions technique et réglementaire sont, selon lui, le meilleur moyen pour accroître la rentabilité de cette activité et lui permettre d’assurer son rôle nourricier.