Et si… Les plages disparaissaient ?

31 mars 2021  | Par Joris BOLOMEY
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3 mars 2047

Depuis les années 2000, nous consommons deux fois plus de sable que ce que la Terre peut produire. Faute d’un contrôle de la ressource, en quelques décennies, de nombreuses plages et îles se sont volatilisées.

Khadija Sambe s’est levée de bonne heure dans sa maison du nord-est dakarois. Hier soir, l’intelligence artificielle nommée Quantum et développée au Sénégal l’a prévenue que les conditions météorologiques s’annonçaient exceptionnelles en ce 3 mars 2047. La surfeuse professionnelle de 52 ans tenait à être la première à se mettre à l’eau.

Aussitôt son bol de lakh à la mangue avalé, elle enfile sa combinaison et plonge dans un triporteur autonome de la compagnie Dakar Dem Dikk. Le « 3D », comme le surnomment les Dakarois, file vers le spot mythique de N’Gor, à une dizaine de kilomètres, où des vagues de plus de cinq mètres sont annoncées. De son véhicule, elle contemple la moderne capitale, avant que reprenne le tumulte quotidien de ses près de dix millions d’habitants. Comme à chaque fois qu’elle longe le littoral nord, en arrivant au niveau de la plage de Yoff, son ventre se noue. L’endroit où elle a appris à surfer et où elle a enseigné la discipline aux jeunes Sénégalaises est méconnaissable. Cette bande de sable a fondu depuis 2020, passant de plus de trois kilomètres de long à moins d’un kilomètre. Ce qui a été le lieu de rendez-vous de toute une partie de la jeunesse dakaroise pendant des années est désormais monopolisé par des lignes de transats à destination des plus fortunés. Khadija a fermé son école de surf sur la plage de Yoff lorsque des digues brise-vagues y ont été installées à proximité du rivage. Cette solution, choisie en 2037 par la municipalité pour limiter l’érosion du littoral, a eu pour conséquence directe de rendre la pratique du surf impossible. Khadija sait que ce n’est pas du côté du réchauffement climatique que se trouve le problème, mais bien de l’utilisation de la ressource en sable. En 2007, lorsque les Sénégalais apprenaient la disparition de la plage de Bargny, au nord de Dakar, il était alors question non de l’érosion du littoral, mais du prélèvement de sable à même la plage par des bulldozers. Pendant des années, des barges ont quotidiennement dragué des millions de tonnes de sable le long de la côte.

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