Architecte-chercheuse, Dominique Gauzin-Müller œuvre depuis 40 ans à la promotion de l’architecture et de l’urbanisme écoresponsables. Avec l’ingénieur Alain Bornarel et l’architecte Philippe Madec, elle a lancé en 2018 le Manifeste pour une Frugalité heureuse et créative.
Comment définissez-vous la frugalité ?
Dominique Gauzin-Müller : La frugalité dans le domaine de la construction et de l’aménagement du territoire est fondée sur quatre principes. Le premier implique une réduction de l’usage des sols. Nous privilégions la transformation du « déjà-là », la revitalisation des centres bourgs, la requalification des friches, etc. Le deuxième, la frugalité en énergie, commence par la réduction des besoins : application des principes bioclimatiques, isolation thermique, inertie pour le confort d’été et ventilation naturelle. Le reste pouvant alors être couvert par des énergies renouvelables. La frugalité concerne bien sûr aussi les matériaux. Nous privilégions les ressources disponibles localement, qu’elles soient géosourcées (pierre massive et terre crue) ou biosourcées (bois, paille, chanvre, chaume, etc.). Le dernier principe est la mise en œuvre de nouveaux processus de conception et de construction plus participatifs. Ces quatre principes sont la trame des livres de la collection « Architecture frugale ». Ces ouvrages présentent pour chaque région une vingtaine d’exemples d’architecture, d’urbanisme ou de paysage frugaux. Après le Grand Est, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et les Hauts-de-France, nous allons publier en 2024 un opus consacré à la Bretagne et un autre sur la Provence-Alpes-Côte-D’azur.