Nationalisation : l’État, l’Europe et le marché

3 janvier 2023  | Par Rémi MILESI
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Est-il encore envisageable de nationaliser ? Acculé par la succession des crises, l’État est sommé d’intervenir pour protéger les acteurs économiques vitaux. Mais peut-il diriger la manœuvre, comme il a tenté de le faire dans les années 1980, dans le cadre européen et avec une finance mondialisée ? Et tandis que la planète chauffe.

Le monde a bien changé depuis les grandes nationalisations de François Mitterrand, qui font de la France, jusqu’en 1985, le pays industriellement avancé doté du plus important secteur public. Dans les années 1981-1982, cinq grands groupes industriels sont nationalisés (Compagnie Générale d’Électricité (CGE), Saint-Gobain, Péchiney Ugine-Kuhlman, Rhône-Poulenc, Thomson-Brandt), ainsi que 39 banques et deux groupes bancaires : Paribas et Suez, pour un coût estimé autour de 40 milliards de francs, soit près de 15 milliards d’euros aujourd’hui  (1). La gauche voulait se donner les moyens d’intervenir directement dans l’économie et, via les établissements bancaires notamment, reprendre le contrôle de la création de monnaie, perçue comme un bien public et un élément de souveraineté nationale.

Assurer la stabilité de l’actionnariat

Côté industriel, les nationalisations « ont permis des restructurations qui faisaient sens », juge l’économiste Jean-Luc Gaffard. Comme celle de Saint-Gobain : si, durant sa phase de nationalisation, de 1982 à 1986, l’endettement du groupe a fortement augmenté (de 82 % à 153 %), les effectifs se sont réduits de 16 %, les investissements sont repartis à la hausse et les profits ont été multipliés par six en six ans, selon l’historien économique Dominique Barjot.

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