Dans ce numéro consacré à l’intelligence artificielle générative, Lubna Brioual explique comment cette technologie multiplie et accélère les risques de cyberattaques.
L’intelligence artificielle, notamment générative (IAG), entraîne-t-elle dans son sillage une augmentation des risques cyber plus importante, par exemple, que l’arrivée d’internet dans nos vies ?
Lubna Brioual : Oui, et elle le fait de manière plus rapide, plus grave et plus sophistiquée. Les années 2024 et 2025 sont notamment marquées par l’explosion des piratages des données de la vie privée des citoyens et des infrastructures, quelles qu’elles soient : c’est le phénomène central. Tout le monde est maintenant concerné par les cyberattaques : les individus, entreprises, institutions civiles et militaires. L’IAG représente une rupture majeure en cybersécurité, car elle facilite des attaques plus ciblées et difficiles à détecter. Contrairement à l’ère d’internet, où les menaces évoluaient progressivement, l’IAG permet une automatisation et une personnalisation des attaques à une échelle sans précédent. Il est donc crucial de renforcer les défenses numériques et de sensibiliser aux nouveaux risques associés à cette technologie.
Qu’entendez-vous par attaques plus ciblées et personnalisées ?
Lubna Brioual : Les hackers disposent de nombreux arsenaux, au moins aussi divers que leurs motivations : politiques, économiques, éthiques (selon leurs critères bien sûr), voire purement ludiques. Face à eux, ils ont des cibles qui naviguent dans un monde empreint d’une géopolitique complexe, d’un environnement malmené, d’une insécurité économique et de la montée, parallèle et conséquente, des risques psychosociaux. Cette superposition des risques multiplie les failles chez des individus toujours plus vulnérables. Du pain bénit pour les hackers qui trouvent là de nombreuses façons de toucher leurs cibles.